Q : A quel âge avez-vous
envisagé de devenir compositeur ?
Votre famille a-t-elle une
tradition musicienne ?
AMA:
Dès la plus tendre enfance, en promenade, je fredonnais des
mélodies inventées, que je trouvais bien plus
à mon goût que celles qu?on m?apprenait. Ensuite,
pendant mes études de piano, vers 10 ou 11 ans, mon
professeur d'alors me fit comprendre avec assez de violence que
s?adonner à l?improvisation était le pire des vices
! Mais je récidivais souvent, car improviser ou griffonner
sur papier ce que je "trouvais" me paraissait infiniment plus
passionnant que de faire des gammes.
Ensuite, vers 19 ans, j'ai décidé de "trahir" le
piano et de poursuivre des études de composition au CNSM de
Bucarest.
Quand à ma famille, on y pianotait un peu du
coté de ma mère; mais, d'après ce qu'on
m'a raconté, sans talent....
Q : Un compositeur peut-il être autodidacte ?
AMA : Je n'y crois pas trop. Seulement si l'on entend par autodidacte une personne qui n'a pas poursuivi les études dans le cadre d'une institution . Dans un certain sens, plus large, les seules vraies connaissances acquises pour de bon sont celles que l'on obtient en autodidacte. Toutefois, le métier de compositeur est assez complexe pour que ces connaissances ne soient pas suffisantes. Une parallèle avec la peinture n'est donc pas concluante. Toutefois, les cas d'un Ives ou d'un Scelsi sont connus.... Quoi qu'il est très exagéré de considérer Scelsi comme autodidacte ....
Q : De quelle école ou maître réclamez-vous ?
AMA :
J?ai eu la chance, au CNSM de Bucarest d'avoir des professeurs,
des maîtres de grande valeur. L'école de
composition à mon époque ( plus vraiment
maintenant, j'ai l'impression ) en était une
très solide, surtout en ce qui concernait la tradition. Les
informations sur la musique nouvelle, pour temps, n'étaient
pas une règle, et seuls quelques maîtres se donnaient
la peine pour nous la faire connaître : Stefan Niculescu,
Dan Constantinescu, Aurel Stroe, Anatol Vieru... D'autres,
par contre, en étaient assez réfractaires .
Mais je ne me réclame pas, pour autant , d'une
"école", si par école l'on comprend une certaine
unité, une certaine affiliation à des idées
communes pour une génération ou pour un groupe. Je
pense aussi que ce qu'on avait dénommé
l'école roumaine n'était plus, pour mon
époque ce qu?'elle avait été ,
s'étant consommé avec succès
déjà , dans la génération de mes
professeurs, ou des gens qui à l'époque de mes
études avait déjà 40-45 ans ...
Quand à mon travail, j'en ai, bien sur,
commencé à composer, presque comme tout
novice, en imitant mes maîtres - que j'admirais
beaucoup - ou ce que je trouvais
intéressant ailleurs, mais ensuite j'ai essayé de
rompre les ponts avec cette époque de ma vie, et de me
diriger vers quelque chose d'un peu plus different.
Je ne me trouve plus du tout en
résonance, aujourd?hui, avec ce qu' eux, font
maintenant... non plus avec le travail de leurs disciples... en
général .... Mais je compte que cela est aussi une
étape nécessaire, n'est-ce pas ?
Q : Revendiquez-vous une filiation ?
AMA :
Plusieurs. Mais pas d'une manière- disons - fanatique . Je
suis en partie liée au spectralisme français et
roumain des années ? 80, dans lequel j'ai trouvé une
réponse valable pour notre époque. Les musiques
d'un Gérard Grisey, T.
Murail, Iancu Dumitrescu, Horatiu Radulescu,
m?ont beaucoup appris . A la fois impliquant la recherche,
la modernité, le renouveau, et bénéficiant
pour ainsi dire d'une "légitimité" autre, plus
forte... Car la "pan- consonance" qui en résulte est
une réponse, pour moi, à la fois au combinatoire
effréné de certaines musiques, qu'à la
"nouvelle simplicité", que je déteste.
Ensuite, et dans le même sens, la prise de conscience
de la musique de Scelsi m'a beaucoup apporté. J'ai
toujours admiré aussi un grand nombres des oeuvres de
Stockhausen. Tout cela m'a indiqué, à un certain
moment, une voie - que je trouvais acceptable pour moi - sur la
quelle j'ai pensé m'engager.
Finalement, je voudrais mentionner l'aventure
fascinante de Iancu Dumitrescu , à la fois
orientée vers la recherche radicale et la
synthèse . En dépit des difficultés de
perception de sa musique, celle-là réussit a
se forger chemin à un niveau très international.
Cela a aussi représenté un exemple, qui
a renforcé, chez moi, le courage d'avancer, d'avancer
à tout prix, même contre courant.
Mais, pour conclure, je ne pourrais pour autant
définir mon travail comme complètement
spéctraliste, ou autre.... disons que l'on retrouve
certains éléments... Ce que je tente, c'est une
synthèse impliquant une variété de
moyens, y compris ceux provenant d'une recherche personnelle.
Q : Qui sont les compositeurs qui vous ont le plus appris ?
AMA : Je pense que les grands maîtres de toujours m'ont beaucoup appris. En plus, on apprend beaucoup chez d?autres, disons même chez les ?mauvais? . Et avoir un exemple de ce qu'il ne faut pas faire c'est tout aussi précieux, même plus encore... J'en ai aussi appris un tas de choses, pas seulement à travers les musiques, mais en lisant des biographies, des entretiens, des livres. Les textes de Stockhausen, "Technique de non langage musical" de Messiaen, "Musiques formelles" de Xenakis ou "Penser la musique aujourd'hui" de Boulez, les livres de Daniel Charles sur Cage, de Harry Halbreich sur Messiaen , Debussy, Varèse, entre autres, pour ne citer que les plus célèbres m'ont appris tout autant que les partitions . Parfois même plus....
Q : Avez-vous travaillé un instrument ? La direction d?orchestre ? L'esthétique ? L'histoire de la musique ? D'autre disciplines ?
AMA :
Jusqu'à une époque assez recente, j'ai poursuivi une
activité de pianiste a un niveau disons assez
professionnel, avec des prix nationaux et des participations
à des concours internationaux.
J'en ai presque renoncé aujourd'hui à
l'étude systématique du piano : cela demandait trop
d?énérgie intérieure ,
d??intentionnalité? si vous voulez, que je n?étais
plus prête a lui accorder .
J'ai parcouru, après le CNSM, un DEA et doctorat en
esthétique à la Sorbonne. Quand au reste ....
Les études au CNSM de Bucarest - en Roumanie, je veux
dire - étaient très diverses. En dehors
du contrepoint, de l'harmonie, de l'analyse, de
l'orchestration, de l'écriture - très
sérieusement enseignées, il y avait bien sur
l'histoire de la musique, la direction ( malheureusement je n'ai
pas eu de vrais profs, les dirigeants officiels du conservatoire
avait décimé la chaire de direction d'orchestre.
Ceux qui y restaient étaient des nuls ). On
était aussi sensés de poursuivre des cours de
folklore , de paléographie byzantine, et d'autre
disciplines tout aussi exotiques.
J'aurais préférer d'échanger bien de
celles-là contre des notions sur les musiques
traditionnelles, ou de bénéficier d'un aperçu
plus large sur l'électroacoustique ( Il y avait un studio,
dont la rudimentarité était évidente, mais
les gens qui s'en occupaient étaient très
passionnés, et cela comptait beaucoup ) .
Q : Continuez- vous d?avoir une activité publique d?interprète ?
AMA : Oui, comme pianiste dans l'ensemble Hyperion, avec le quel on entreprend des tournées.... En plus, je dirige assez souvent mes oeuvres. L'énergie à dépenser pour expliquer à un autre chef, ce que j'attends de lui me paraît plus grande que celle qu'il me faut pour m'en occuper directement, quand c'est possible.
Q : Considérez-vous les cursus d'enseignements suffisants ? excellents? défectueux ? inadaptés ? Pouvez-vous préciser ?
AMA :
D'après mon expérience et mes connaissances, je peux
dire que les cursus sont plus que suffisants . Le problème
n'en est pas là .
Ils sont par contre, très inadaptés aux
vraies nécessités d'un compositeur d'aujourd'hui. Je
pense que, pour la composition, un maître ne peut se borner
à offrir une base et laisser ensuite le disciple
approfondir les domaines qui l'interesse.
En ce qui concerne l'information, probablement cela suffit .
Mais je ne peux ne pas observer qu'un esprit - disons "Socratique"
est de moins en moins retrouvable . Un vrai maître devrait,
avant toute chose, essayer d'orienter le disciple à la
découverte de son intériorité, de sa
vérité, de son propre "pourquoi". Cela est
absolument nécessaire. Tout disciple a besoin de ce
réconfort, de ce "coup de fouet" si vous voulez, à
l'époque où, le plus souvent, on doute de bien
de choses et l'on se pose bien de questions insolubles ....
Dans ce sens, je trouve qu'on parcourt une crise
énorme ! Les vrais modèles, les modèles en vie - sur le plan de la
stature artistique et non en dernier lieu - sur celui de
l'éthique du métier sont en voie de disparition...
C'est très triste .... Les jeunes ont de quoi être
désorientés, de plus en plus.
Parenthèse : comment s'explique le fait que les
anciens élèves de Messiaen, on les retrouve partout,
comme personnalités accomplies, de la France au Japon, de
Corée en Allemagne et Angleterre, et d'USA à la
Roumanie ou Hongrie. De quels autres maîtres d'aujourd'hui
on peut parler comme ca ? Ne s?agit-il pas, dans ce cas, d'un
transfert de l' énorme personnalité du compositeur
qui rayonne au dessus de l'activité concrète de
professeur? Je veux mettre en évidence l'aspect magistral de
l'activité d'enseignement, en ce domaine.
Q : Comment composez- vous ? A la table ? Au piano ? Avec un équipement informatique ? Utilisez-vous un échantillonner ? Pourquoi ?
AMA :
Je commence par une période de méditation, de...
rêve sur l'oeuvre à venir, qui se concrétise
après un certain temps, quand quand j'arrive à
une perspective plus totale, disons, en exquises de
l'intégralité de l'oeuvre, assez
synthétiques, donc, parfois très graphiques
...
Ensuite, le travail continue à l'ordinateur, pour la
partition. Ou, parallèlement, directement avec le son, si'l
s'agit de l'électroacoustique, ou d'une musique de bande
réalisée avec d'autres moyens...
Je n'utilise pas d'échantillonneur, quoi que je ne le
refuse pas d'emblée. Seulement, pour le moment, je n'ai pas
réussi à obtenir un résultat sonore assez vivant, assez vrai. La recherche du son
nouveau n'est pas, pour moi, une vitrine d'objets morts,
n'importe à quel point précieux . Le son, pour
devenir musique a besoin de posséder une vie.... organique,
ce qui est pénible a simuler avec les
échantillonneurs.
Q : Êtes-vous satisfait de l'instrumentarium contemporain ? ( instruments acoustiques ou électroacoustiques ) ? Doit-il évoluer ?
AMA : Je crois que tout compositeur doit rêver a transgresser les limites imposées par le développement des instruments de son époque. En ce qui concerne le matériel informatique, il est en train d'évoluer avec une vitesse impossible à suivre, ce qui est fascinant et formidable ! Quand aux synthétiseurs, je trouve par contre, ceux d'aujourd'hui bien moins intéressants que les vieux appareils analogiques d'il y a quinze ans. Ils offrent moins de possibilités d'intervention non-médiée dans la création du son. Ce coté plutôt lié a la corporalité, a la façon dont on fait la musique sur les instruments acoustiques, qu?on retrouvait avant chez ces vieux appareils . Les nouveaux me paraissent emmener presqu?à un folklore sonore, une sécularisation des timbres dans la musique . Par contre, j?attends beaucoup des logiciels qui s?occupent de la transformation du son ?naturel?...
Q : Vous est-il arrivé d?écrire pour des instruments anciens (viole de gambe, clavecin, luth, etc ) ? Pourquoi ?
AMA :
Jamais. Ca ne m?interesse pas vraiment. Déjà les
possibilités des instruments modernes me paraissent
insuffisants . Pour les anciens, le son est moins riche en
harmoniques, les possibilités d?utiliser des techniques
instrumentales nouvelles, ?diagonales? sont restreintes. Pas de
possibilités de multisons, etc... Question de goût
aussi.
Je rêve, par contre, à des instruments
archaïques ou traditionnels, dons il m?arrive d?approximer
les sonorités sur des instruments modernes. En fait,
il me parait intéressant de dépasser les
possibilités sonores et techniques offerts par les
instruments d?aujourd?hui. Le musicien qui y joue est aussi un
facteur essentiel, voilà aussi une raison pour la quelle,
les musiciens spécialisés dans le Baroque ou la
Renaissance ne m?intéressent pas beaucoup, en
général, en liaison avec mon travail.
Q: Le support papier est-il indispensable lorsque vous écrivez ?
AMA : Depuis que j'utilise l'ordinateur, pas vraiment. Toutefois, l'écran est un papier virtuel. Le papier reste indispensable comme médiateur entre moi et mes interprètes.
Q : Composez-vous uniquement sur commande ? Sur demande ? De quelles origines (interprète, institutions, agent, etc ) ?
AMA :
Hélas, non !. Évidemment, j'essaye toujours me poser
le problème pour qui je compose (
interprète, ensemble, orchestre ). L'écriture
et même la musique seront différentes en
fonction de ces données.
Mais il est clair que les possibilités ( commandes )
sont aujourd'hui bien plus restreintes qu'autre fois, quoi qu'on
ne vit pas dans un monde moins riche qu'il y a un ou deux
siècles. A comparer avec le noble mécénat des
structures d'autre fois , y compris les Églises, à
comparer avec le fait que presque toute musique était
commandée, on observe, bien sur, à quel point ces
époques étaient supérieures à la
notre.
Le fait que Dieu a perdu toute prétention sur la
musique d'aujourd'hui lui est, peut-être, imputable aussi .
De toute façon, sans commande
- au sens le plus large que vous voulez donner à ce terme,
la vie musicale se développe, évidemment, plus
difficilement...
Q : Envisagez-vous de vivre ou vivez vous de vos créations ?
AMA : Oui. Et je suis consciente d'être extrêmement fortunée pour autant.
Q : Estimez vous que l'Etat ait suffisamment de considération pour les compositeurs ? Les institutions et collectivités publiques ( régions, villes, départements ) les entreprises privées prennent-elles suffisamment en considération la création musicale ? Voyez vous des incitations possibles ?
AMA. Il
y a une hypocrisie généralisée dans ce
domaine. Qui se concrétise par des discours d'intention ou
par des commandes offertes toujours à quelques artistes cotés, toujours les
mêmes. En plus, même à ceux-ci, on leur demande
des oeuvres de plus en plus accessibles,
pour un public de moins en moins éduqué, et
plus désorienté qu?il y a dix ans !
La tranche de la musique "sérieuse" est de plus en
plus mince. La musique sérieuse devient aussi, toujours
moins sérieuse, dans le sens qu'on est noyés
par le Kitsch. Les compositeurs sont presque littéralement
poussés vers le Kitsch autant par la commande sociale que
par leur propre faim ( faim de la gloire, d'être
"aimé" etc. ). Le compositeur n'est pas le seul a
être sensé d'aller vers le public!!! ( je parle
des cas qui ne sont pas encore désespérés ).
Depuis 15 ans que cela se passe uniquement dans ce sens,
qu'est il advenu d'un Stockhausen, d'un Penderecki ? Berio ?
Il faudrait, en plus, pour que cet esprit pernicieux
cesse d'intoxiquer la vie musicale, la vie culturelle,
un changement radical des bases de l'enseignement, et
non seulement dans le domaine musical . Un changement radical des
programmes de télévision, le grand ennemi de la
formation des jeunes, telle qu?elle en est aujourd'hui,
menée uniquement par des intérêts
mercantiles. ( La déchéance partielle de
l'Arté, quelques années seulement après son
apparition me parait symptomatique ! ).
J' espère plus de l'INTERNET, mais cela impliquerait
peut-être aussi des serveurs spécialisés dans
le domaine culturel.
Q : Que pensez-vous de la mise en résidence des compositeurs par et dans les institutions ?
AMA Ce serait revenir a un principe sain, qui a toujours gouverné l'art de valeur. Mais ca devrait se passer sans imposer au compositeurs des contraintes esthétiques, idéologiques, ce qui est assez utopique....
Q : Un compositeur d'aujourd'hui doit-il écrire pour touts les supports actuellement disponibles ( cinéma, télévision, scène, Internet, CDRom, etc ) ?
AMA : Bien sur ! Et même pour des supports pas encore inventés ! Il est obligé de rêver à l'impossible, à exploiter touts les moyens à sa portée. Mais, évidemment, non sans motivation, par opportunisme. Quoi qu'on ne peut ne pas voir aussi le ( petit ) bon coté de l'opportunisme, jusqu'à un point lui aussi responsable d'une certaine propulsion vers l'avant....
Q Le disque est-il un moyen important pour la diffusion de vos oeuvres ?
AMA :
Essentiel ! Le plus important, je pense !
Et je pense aussi que la SACEM devrait faire bien plus dans
ce domaine, même avec des sacrifices ! Élargir la
série MFA. Penser - pourquoi pas? - à d'autres
séries aussi. Implussionner plus qu'elle le fait les
producteurs, ou même s'assumer la production . Le coût
de production du CD devrait normalement être bien plus bas
qu'il en est aujourd'hui. Je pense qu'il est rehaussé par
un tas de structures parasites et encombrantes.
Une enquête suivie dans ce domaine serait à
faire.
En plus, les compositeurs, la CDMC aussi,
pourrait s?interroger peut-être aussi sur e la
distribution, qui fait le plus défaut aujourd'hui. Car on
ne peut prétendre à un vendeur de FNAC, qui a une
formation qui lui permet de vendre des T-shirts tout aussi
bien que de la musique, toute la
musique - de faire une bonne promotion de la musique
nouvelle !
En dehors de la France les choses se passent autrement ! Le
monopole des grands magasins, des grands distributeurs est
moins contraignant ! Il y a encore de la place pour des
indépendants, pour le dynamisme, pour la nouveauté !
Mais quand un distributeur a un catalogue de milliers de
titres, de Machault jusqu'à Murail, et des dizaines
d'employés à faire vivre, ce qui va être
sacrifié en premier lieu sera la musique qu'ils
considèrent d'emblée comme plus difficilement vendable! Ce qui parfois est
un préjuge ! Donc il faudrait compenser cela d'une
façon ou d'une autre.
Q : La Radio vous paraît - elle suffisamment à l'écoute de la création musicale ?
AMA :
Elle est, en tout cas, plus à l'écoute de la
création musicale que d?autres structures. Le
problème est : à l'écoute de quelle création
? Qui et quoi sont ceux qui décident ? Qui
devraient-ils être ? Quels sont leurs critères ?
Quelle est la philosophie du responsable ?
Est-ce la sagacité d'un compositeur qui doit
déterminer sa promotion sur la Radio ? Ses relations
? Ses amitiés ? Le public ? Le goût du responsable
? (Si il en a réellement un ) . Ses préjuges ?
Car on observe une tendance - naturelle jusqu'à un point
seulement - de ces personnes pour imposer leur propre goût,
ou ce qu'il croient que le public est en train de penser, d'aimer,
de demander.
Ce dirigisme des
facteurs culturels - même si ces facteurs sont eux aussi des
compositeurs ! - a emmené à une relation absolument
paradoxale avec le public ! On ne peut pas tout le
temps considérer le public comme assisté, idiot,
dans son souhait, même instinctif, d' autre chose!
Et offrir une image incorrecte de la vie musicale par
la Radio est tout aussi pernicieux que de n'en offrir aucune.
Même plus encore.
Donc la passion du producteur, du responsable, le renouveau
sans partisanat, un élargissement du spectre culturel doit
être soutenu au maximum!
Je faits le rêve d'un Internet qui, en
quelques années, permette le libre accès
à l'information, à de valeurs totalement
périphérisées aujourd'hui (peut-être
même à cause de leur valeur ) et qui va
enrichir la réalité musicale, et peut-être
même nous sortir de la terrible crise ou on nous a
emmenés .
Q :
Pensez-vous que les chaînes de télévision
comme Muzzik s'ouvriront à la musique contemporaine et
pourront la promouvoir. Comment ?
`
AMA : J'éspère sans y
croire vraiment. Comment ? En l'intégrant dans le circuit
culturel de notre époque, par des parallèles avec ce
qui se passe dans d'autres domaines.
Aujourd'hui le portret-robot de l'individu cultivé
comporte de la littérature, des arts plastiques, de la
philosophie - toues contemporaines aussi ! - mais de la
musique qui s'arrête dans le meilleur des cas à
Messiaen, en évitant la nouvelle École de Vienne...
Ce n'est pas normal !
Il faudrait des explications passionnantes, avisées,
des documentaires des séances de répétitions,
des séances d'enregistrement... pour faire comprendre
l'intériorité de l'acte compositionnel. La
série de films que Boulez à fait il y a des
années déjà, me paraît un modèle
à suivre pour expliquer aussi d'autres musiques, qui
n'étaient pas de son choix.
Q : Êtes-vous édité ? Avez-vous eu des difficultés à trouver un éditeur ? Comment l'avez-vous rencontré ? En avez vous plusieurs ou un seul ?
AMA :
Si-l s'agit d'un éditeur graphique, je me félicite
de n'en avoir aucun. D'ailleurs, avec l'ordinateur, je
n'éprouve aucun besoin. Les éditeurs ne font
rien pour la promotion des oeuvres, mais attendent qu'une musique
soit jouée pour toucher leurs pourcentages. Reste seulement
le coté prestige,
du fait de se trouver édité
mais c'est trop cher payé !. Ils existent, certes, dans ces
maisons des personnes dont le travail est compétent,
énergique et passionné - je citerais Iovanka
Stojanova de chez Riccordi, R. Stan de chez Salabert . Mais
ils sont trop peux nombreux !
En tout cas, si ca va continuer comme ca, leur métier
va devenir l'un de musée. Un ordinateur coûte rien du
tout, faire des belles partition est un grand plaisir, le
matériel est ressorti sans aucun effort., le coût du
papier et de l'encre est ... modique. Pourquoi donc un compositeur
offrirait-il une moitié de son travail ?
Pour l'édition phonographique, j'ai
déjà 3 éditeurs, et de nombreuses
perspectives avec d'autres encore . Certes, ce ne sont pas des
grandes maisons, mais toujours des gens très
passionnés, et donc je trouve que ca va bien !
Q : Les
éditeurs jouent-ils leur rôle pour promouvoir votre
musique? Qu?attendez vous d?eux?
AMA : Si c'est pour les partitions, me ficher la paix ( ce qui est d?ailleurs largement le cas ) si c'est pour les disques, investir plus dans la distribution., ainsi, la promotion est bien sur assurée....
Q : Avez-vous besoin de beaucoup écrire ?
AMA : Oui, il m'est essentiel. J'en pense toujours ( Touts les jours ).
Q:Un compositeur doit-il s'attacher à son seul métier ou se livrer en parallèle à une autre activité ? Pourquoi ?( besoin esthétique, enrichissement culturel, nécessité financière ) ?
AMA: Un compositeur doit aujourd'hui pouvoir exprimer avec cohérence ses idées - si c'est le cas - faire comprendre sa démarche sur le plan esthétique, philosophique. Il doit en plus être capable de se débrouiller avec le matériel technique et/ ou informatique. Trop dépendre des autres, ce n'est pas une bonne chose. Il doit aussi pouvoir s'exprimer devant les interprètes de sa musique : conduire, jouer, avoir un charisme pédagogique . Et... probablement il doit aussi vivre, et si ce n'est pas par la composition, alors....
C La musique, aujourd'hui et demain
Q : Voyez vous des nouvelles stratégies pour toucher de nouveaux publics ?
AMA :Je
constate que, pendant que le public traditionnel des festivals, etc, est en train
de vieillir irrévocablement, il existe une
catégorie de très jeunes gens,
généralement cultivés dans les domaines de la
philosophie, les beaux arts, de la poésie, les sciences
, et qui viennent vers la musique contemporaine non pas par
la voie classique, mais par les musiques Rock, Free Jazz, New Age,
musiques du monde, traditionnelles etc... qui ne leurs suffisent
plus. Assez vite ils se rendent compte de la
précarité spirituelle de certaines de ces musiques.
Mais ils ne sont pas prêts d'accepter pour autant toute la
musique contemporaine . je peux même dire que, dans ce
domaine, dès qu'un compositeur est trop connu, trop
officiel, ils ont déjà la puce à l'oreille
....
C'est généralement un public
passionné, intransigeant, difficile à duper.
Très sensible au ?sound?, au renouveau, à
l'insolite. Même si leur échelle de valeurs est
difficile à accepter, il faudrait cultiver, rapprocher,
dompter ces nouvelles énergies, biens plus sincères,
je crois, que ce qui reste du public traditionnel de la musique
contemporaine.
Q : Pensez-vous qu'un journaliste puisse être un médiateur entre vous, votre musique et le public ?
AMA :
Bien sur, seulement en général il s'agit du
contraire ! Quand un mec n'arrive pas à se
frayer un chemin en musique par ses propres forces -
n'importe combien modestes - après avoir tout essayé
il devient un grand .... journaliste !
En ce cas, ce qui reste pour éclairer le public, ce
sont les entretiens, directement avec le compositeur, ses
textes... Néanmoins, on ne peut assez remercier les cas
exceptionnels et rares, un Harry Halbreich, un Patrick
Szersnowicz, etc... pour leur apport à la
compréhension et à l'écoute de la musique
nouvelle...
Q : Pensez-vous qu'il soit nécessaire d'expliquer vos oeuvres au public ?
AMA : Certainement. Mais il existe aussi le cas ridicule ou l'explication trouve une importance bien plus grande que l'ouvre elle même. Mais, compte tenant de ce que je viens de dire plus haut, même dans ces cas, laisser le compositeur s?exprimer sur ses oeuvres reste la solution la plus... normale. La seule, d'ailleurs.
Q : Est-il plus difficile de composer aujourd'hui qu'hier ?
AMA : Comme si hier fut-il facile de composer ? Si on lit la vie des grand maîtres, on voit à quel point leurs efforts , leur luttes, étaient comparable aux nôtres ! Rappelez vous les milliers de pages des cahiers d'exquises de Beethoven, avec combien de difficultés il arrivait a retrouver la voie juste ..... pour ne citer qu'un cas !
Q : Établissez-vous une échelle de valeur entre les genres dits savants et ceux dits populaires ?
AMA : Le talent reste ce qu'il est. Le génie aussi. Néanmoins, on ne peut ne pas observer que ce qui reste de la musique du passé , n'est pas de la musique non-savante !
Q : Les musiques populaires ont-elles une influence sur la création actuelle?
AMA : Si par populaires il ne s'agit pas de musiques traditionnelles, la question ne m'interesse pas ....
Q : La notion d'école nationale est elle encore valide ?
AMA: Si
l'on regarde la planète d'une perspective nationale,
il parait bien dificile de se trouver une place au monde ! Si au
contraire, l'on se pose dans une perspective mondiale, on
observe que rien de ce qui est valeur universelle ne vit que
par ses points particuliers, des points qui sont
toujours de quelque
part.... Et même dans la musique la plus abstraite,
on trouve toujours un de
quelque part.
Boulez qui continue la technique de Webern est-il pour
autant un compositeur autrichien ? Est-il pour cela moins
français que Rameau ?
Et Bartók, magyare né en Roumanie, ( tout
comme Ligeti, Xenakis ) - même si'l utilise à
large échelle le folklore roumain dans ses musiques est il
pour autant un compositeur roumain ? Donc : même si
l'on ne peut plus concevoir l'école nationale
de la manière dont elle l'était au début ( la
tendance est vers une planétarisation de plus en plus
accentuée ) même si les techniques et les moyens
sont répandus sans liaison avec l'éspace
, un certain esprit
unique, si vous voulez, un esprit particulier, des archétypes sont
retrouvables toujours et vont singulariser une certaine
musique ! Entre de nulle part c'est ne pas être
...
Q : Qu'est-ce la modernité pour vous aujourd'hui ?
AMA : Être vivant et vivace. S'assumer le risque. Oser. Penser . Oser penser . Se libérer de préjugés. Croire. Être courageux. Être soi-même. Reconnaître son échec et persévérer, ( parfois y persévérer ) en se posant et re- posant toujours et toujours les questions fondamentales.
Q : La notion d'avant-garde appartient-elle au passé? Si oui, sa disparition signifie-t-elle pour les compositeurs une certaine libération?
AMA : Si
par avant-garde vous entendez seulement une époque, assez
courte, de l'histoire de la musique, elle est bien sur
révolue. Toutefois, l?esprit de l'avant-garde - ce qui
signifie marcher en avant des
autres, est la raison principale de l'art, de l'art
vrai.
Renoncer à renouveler l'art de son temps est un signe
de vieillesse inacceptable. Retour en arrière est ainsi un
signe de sclérose, dont nôtre époque n?a pas
à se venter, je crois.
Quand à la liberté .... c'est uniquement
un moment ou l'on démolit quelque chose et l'on remet
quelque chose de different à sa place . Donc il n'y a
de liberté que pour s'offrir une nouvelle contrainte . Qui
croit à la liberté tout court, manifeste, je pense,
une certaine naïve té intellectuelle non enviable pour
moi ...
Q : Que pensez- vous de ceux qui parlent de la musique contemporaine comme d'une musique assistée en regard des musiques populaires et dont ils attestent de l'utilité de ces créateurs à la une des succès qu'elles rencontrent auprès d'un large public.
AMA
: C'est vrai ! Mais je vous demande combien de nos richesses
ont été dépensées pour que quelques
humains posent un pied sur la Lune. En étaient-ils des assistés ?
Combien d'énormes poètes, sans qui le patrimoine de
l'humanité serait moins riche, ont vendu de leur vie
quelques dizaines d'exemplaires d'un livre aujourd'hui
célèbre. Aujourd'hui absolument nécessaire,
même si ce n'est que pour quelques uns.
L'art vrai a toujours été assisté, dans
touts les temps et presque sous touts les régimes.
Je pense, aussi, que la quantité
d'esprit reste égale dans monde, même avec
l'accroissement de population. Il faut donc une nourriture
spirituelle adéquate pour tout un chacun. Tout un
chacun doit pouvoir choisir ce dont il a besoin.
Si notre société considère le
philosophe, le poète, l'artiste d'élite
un marginal, et par conséquence, un être qui
doit être assisté,
incapable de créer la richesse, c'est que cette
société n'en a plus pour longtemps. Car on ne
peut calculer la richesse uniquement en billets de banque .
Q : Pensez-vous que les querelles esthétiques sont stimulantes ? Pourquoi ?
AMA : Stimulantes et nécessaires ! Si'l y a de diversité d'idées, c'est normal d?avoir aussi des querelles . Et la diversité est l'une des qualités les plus importantes de notre temps, je pense.
Q : Lorsque vous composez vous pensez à un public ? A des publics ?
AMA : Ce
serait de m'arrêter de composer !
Non, je plaisante ! ..... Je pense à un public
idéal, que j'aime et qui m'aime, et qui n'est chaque
fois ni tout-à fait le même, ni tout-à
fait un autre.... qui m?aime et me comprend .... Mais
c'est bien sur un rêve étrange !
Q :
Quelle vie imaginez-vous pour votre oeuvre dans l'avenir ?
Iancu
Dumitrescu, composer, conductor, and musicologist, was born in
Romania in 1944. Between the ages of seven to twenty-two he
pursued conventional musical studies leading to MAin Composition
at the National Conservatory in Bucharest. Towards the end of
this period he met Alfred Mendelsohn, who introduced him to the
then forbidden music of Schoenberg and Webern.
In the late 1960s Dumitrescu was
associated with the group of composers that also included
Niculescu,Stroe, Vieru, and Olah. In 1973 he met Sergiu
CELIBIDACHE, with whom he studied the application of
phenomenology to music. In 1976, Dumitrescu founded the HYPERION
ENSEMBLE. With Ana-Maria AVRAM, he set up the EDITION MODERN
record label in 1990.
ANA-MARIA AVRAM, composer and pianist, was born in Romania in 1961. She graduated from the National Conservatory in Bucharest and then studied in Paris where she obtained a DEA at the Sorbonne in 1992. In 1994 she won the Great Prize for Composition of the Romanian Academy. Since 1988 Avram has maintained a close collaboration with Dumitrescu, while continuing to forge her own direction in music. She is considered to be one of the most important Romanian composers of her generation.
December 1997.
A twelve-hour train journey takes me from Budapest in Hungary to
Bucharest in Romania, passing twice the great U-shape of the
Carpathian Mountains. Seen from the train, Romania seems deeply
rural and undeveloped, and I wonder how an avant-garde musical
movement could ever have grown up here.
I know that romanian clocks run an hour
earlier than Hungarian ones, but still, none of the stops match
my pocket timetable, and I have no idea at what time of night we
finally get to Bucharest.
Fortunately, Iancu Dumitrescu and Ana-Maria
Avram seem extremely relaxed. As we drive through the city I
form an impression of large impersonal concrete buildings
fronting wide avenues, with glimpses of more inviting , but very
run-down, residential neighborhoods down the side streets. The
city seems to be patrolled by packs of unattended dogs. This is
apparently due to a Ceausescu regime resettlement plan which
forced residents to abandon home and pets at short notice.
Somewhere near the military academy,
we draw up outside a three-storey art-deco house. In a large
room with wooden paneling, mirrors, house plants, and hanging
gongs, we settle down to a night of food, wine, and talk, that
sets the pattern of my time in Bucharest.
An old saying has that those to speak the
Romanian language receive two extra Skyies. Romania is the land
of the Ninth Sky. For us, there are only seven Skyies. Before
stepping into the world of the Ninth Sky, I need to explain what
led me to make this journey.
In 1994, working through a pile of
electro-acoustics CDs that, to my ears, sounded lack-lustre and
academic, I unexpectedly came across something fantastic ; Iancu
Dumitrescu?s piece ?Pierres Sacrées? . It had a sound
that was completely unlike ninety-nine per cent of contemporary
composed music. It had far more distortion, noise, and violence.
Notes had been abandoned in favour of mutating, sometimes
teetering and exploding, sound-complexes. There was the powerful
impression that everything in the music had been re-moulded to
the contours of some kind of inner necessity that was original,
in the true sense of the word. Over the next few years I
collected more Dumitrescu CDs. I soon discovered that Dumitrescu
belonged to a whole radical tendency in music- the modern
Romanian school - that had been completely unknown to me. In
particular, I discovered the work of Ana-Maria Avram,
Dumitrescu?s wife, with whom he set up the Edition Modern label
in 1990.
In March ? 97 I was partly instrumental in
getting Dumitrescu and Avram, with the Hyperion Ensemble which
Dumitrescu directs, into a concert series programmed by the
London Musicians?Collective. The two Romanians drove across five
countries from Bucharest to London and back, with a van-load of
instruments. I met them in London, and we talked about their
music just enough for me to realize I needed to know more.
Avram and Dumitrescu are of different
generations. Dumitrescu was born in 1944, the year the Red Army
reached Bucharest. Avram was born in 1961, just before the
communist government collectivized agriculture. Nevertheless,
their journeys through the fractures of Romanian political and
musical life seem parallel. Both pursued conventional musical
training at the National Conservatoire in Bucharest.
Avram : ? The composition course was very
good, except that there was no real idea of any ultimate
motivation. No one said you?ve got to do this because it?s what
you need; because it?s important. The teachers kept their own
work apart from their teaching. We where never allowed to see
their own struggle in their art. We never discussed
the actual processes and problems of composing in the real
world. And this wasn?t a problem of political censorship, at it
was for Iancu?s generation, when you got into trouble for
consulting Webern scores. The fact is it still goes on today?.
Both Avram and Dumitrescu are
convinced that if they have been able to open new doors in
music, it is because they have made or found precisely those
connections between musical activity and inner life that remain
unarticulated in conventional musical training. This is not,
however, simply a matter of their philosophy and motivation as
artists. The psychological reality if their music is directly
grounded in a conception of the acoustic reality of sound.
Avram : ? Music based on natural
harmonics - often called spectral music - can find answers
where many currents in the avant-garde have failed. The
musical structures are not first developed by an autonomous
combinatorial and permutational kind of thinking and then
imposed from the outside. The organisation of rhythm, for
example, can be drawn directly out of the inner rhythm of the
sound material itself - but also from what Iancu calls
human naturality , where rhythmic quantity is perceived in terms
of moments of action and moments of rest.?
Unlike the French Spectral School
working in and around IRCAM - notably Tristan Murail, and
Gérard Grisey- Romanian spectralism is not a scientific
project using high-tech analysis and synthesis procedures.
According to Avram, ? the chopping up of the individual sound in
serial and structuralist composition represents a
desacralisation of the sound space?.
The Romanians, in contrast, emphasize the
production of living sound, where unstable acoustic systems,
musicians, and musical notation interact in real-time
performance: an approach that respects not only the acoustic
reality of sound but also the reality of the musician and of the
musical act that makes the sound.
(....)
See the rest of the article in :
Musicworks Number 71/Summer 1998